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NOVEMBRE 2020

article paru sur la gazette DE Sète ET TEXTE D'ORIGINE

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Étang de Thau : le plus grand projet mondial d’ombrières flottantes? 

 

On connaît l’importance de la conchyliculture dans l’étang de Thau,  activité traditionnelle,  source importante d’emplois, de savoirs faire à défendre, et d’équilibre environnemental. On peut imaginer que sans les filtres des coquillages le plus grand étang de méditerranée pourrait devenir un cloaque.

 

L’eau de l’étang s’est quand même améliorée principalement grâce à la disparition d’industries polluantes. Mais il n’est pas certain que les infrastructures rénovées qu’on nous promet répondent vraiment à la pression foncière et touristique, à l’urbanisation galopante et à la surpopulation qui n’est plus seulement estivale. S’y ajoutent évidemment les effets négatifs du  réchauffement climatique, avec ses épisodes de malaïgue.

 

 

Dans un écosystème très sensible, l’ostréiénergie est-elle une solution ?

Dans le même temps, d’ailleurs, on constate une raréfaction des éléments nutritifs, d’où une disparition de certaines espèces (palourdes, par exemple) comme un ralentissement de la pousse des coquillages.  Comme le disent les professionnels cités pat France 3 Occitanie ,  l'étang est un écosystème extrêmement sensible, qui demande à la fois une grande expertise mais aussi de l'adaptation. On ne peut faire n'importe quoi, au risque de déstabiliser un environnement naturel et économique.

 

Or, le projet  d’ostréienergie est une  première dans le monde selon ses promoteurs, le plus grand projet mondial d’ombrières flottantes en gestation. C’est donc une expérimentation. La société Akuo Energy qui le conduit  reconnaît elle mêmes que cela ne s’est jamais fait  en milieu salé.  Et que le transport de l’électricité produite est aussi une première, une gageure puisque qu’elle dit ne pas encore la  maitriser. Quid de l’érosion par le milieu saumâtre ? C’est déjà une vraie question vue le fragilité de l’écosystème.

 

Deuxième question : l’impact sur la faune et la flore. Ifremer était chargé de l’analyser avant la délivrance de l’autorisation de l’état (puisqu’il s’agit du domaine public) pour l’extension d’une expérimentation ayant  concerné quelques tables.  Qu’en est-il ? Masquer le soleil par des panneaux photovoltaïques est-il sans conséquences quant on sait qu’il est indispensable à sa bonne santé ?

 

La réponse technologique : un réponse au réchauffement climatique ? 

Ce projet, comme souvent, est une réponse technologique à un état de fait cherchant à pallier les dégâts sans s’attaquer aux causes. Voire parfois à les aggraver, du moins sur le moyen terme.

Le réchauffement climatique résulte des émissions de Gaz à Effet de serre. Or  d’où proviennent ces panneaux dont on sait que la grande majorité vient de chine ? Avec des conditions de fabrication très polluantes, de longs transports, sources d’émission de Co2 ?

 

Bien sûr, les ENR vont être indispensables contre le réchauffement climatique, mais il ne faut pas oublier que l’énergie la plus efficace, c’est celle qu’on n’utilise pas,  la sobriété énergétique économiserait  jusqu’à plus de 30% de GES. Ne pas oublier aussi que le meilleur espace pour les installer doit être prioritairement les surfaces inutiles, non les milieux naturels ou cultivés.

 

Mais est-ce vraiment l’objectif de ces installations de faire baisser ces émissions ? Ces projets très importants nécessitent un financement  correspondant. La société à l’origine du projet a obtenu de multiples subventions, et a émis des obligations avec des taux très alléchants, donc avec l’intention de faire des bénéfices (les ENR sont rachetées par Enedis à un taux  très favorable garanti 20 ans),  Si cela n’a rien de choquant  pour des entreprises privées, cela pose question : auront-ils la volonté de diminuer une consommation d’énergie qui est la source de leur profit ?

 

On est loin des réponses écologistes : de petites unités de plusieurs sources d’ENR connectées en réseaux. Et surtout, qu’elles  soient organisées en coopératives permettant un contrôle des citoyen-nes et des collectivités. Seule assurance pour que le but soit réellement le bien public et l’intérêt général.

 

Une réponse aux problèmes des conchyliculteurs ?

Bien sûr, on comprend que les conchyliculteurs face à la situation de l’étang et les menaces sur leurs activités aient été séduits par les promesses de cette innovation : la possibilité d’oxygéner l’eau par l’énergie fournie par les panneaux, ou encore celle d’exonder les huitres (les sortir régulièrement de l’eau) en imitant la marée. Plus des caméras pour éviter les vols.

 

Seulement, on comprend alors que cette très poétique appellation d’Ombrières, cache une énorme technicité, en plus des panneaux : des fils, des turbines, des caméras. Une installation tellement complexe qu’elle demandera une surveillance technique permanente, et un risque important de pannes, source de pollutions ?  Sans oublier celles qui auront été produites par la fabrication de tout ce matériel.

 

Les énormes budgets investis n’auraient-ils pas été mieux employés dans des recherches scientifiques sur l’oxygénation par les plantes ?  Par l’abaissement de la température en réorientant les eaux de source des rivières vers l’étang ? Puisqu’il semble qu’elles ne l’alimentent plus suffisamment et soit ainsi  l’une des causes de son appauvrissement.

 

 

Face aux défis climatiques ou aux atteintes à la biodiversité, on constate la multiplication d’une ingénierie faisant croire que l’on pourra arrêter la machine infernale par de la technologie. C’est une fuite en avant désespérée, un essai de capitalisme vert  qui épuise toujours la planète en tentant  de préserver son système et ses sources de profit.

 

L’avenir est au lowtech, au « small is beautifull», au contrôle citoyen, loin du mythe du progrès et d’une croissance  infinis

 

« On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème » E Albert Einstein,

 

 

Françoise Alamartine 20 10 2020

Intervention d' Alain Lipietz (EELV) à Villejuif lors de la commémoration du 17 octobre 1961

 

Ce jour-là, alors que la guerre d’Algérie touchait à sa fin, des dizaines de milliers de « Français Musulmans d’Algérie » manifestèrent pour protester contre le couvre-feu qui leur était imposé. La charge de la police du préfet Papon s’acheva par des milliers d’arrestations, des centaines de blessés sous la violence du matraquage. Une centaine d’entre eux furent matraqués à mort ou  jetés à la Seine, leurs cadavres enterrés à la sauvette. L’État français imposa une chape de silence sur ces évènements https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_du_17_octobre_1961 , qui ne furent mis au jour que des dizaines d’années plus tard.

A Villejuif, le nom d’une placette (en face de l’entrée du parc Pablo Neruda) honore leur mémoire depuis 2013. Chaque année, un rassemblement la commémore. Jamais le maire sorti F. le Bohellec ne s’y rendit. Cette année, covid oblige, la cérémonie sur la place fut brève, mais accompagnée par le maire Pierre Garzon et de nombreux conseillers municipaux. Elle reprit  à la MPT Gérard Philipe par des prises de parole et la projection du film émouvant  d’un jeune Villejuifois, Walid Ben Mabrouk (avec Gaëtan Moumani) : Enfants de cœur. Cette séance fut étonnamment suivie, y compris par une assistance jeune.

 

Mon intervention :

 

Cher.e.s ami.e.s,

 

D’autres, mieux que je ne l’aurais su, ont dit ce que fut ce massacre, le plus grand crime d’État commis sur la terre de France depuis la Rafle du Vel d’Hiv. Bien sûr je n’y étais pas, ma première manif fut quelques mois plus tard l’enterrement des morts de Charonne https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_de_la_station_de_métro_Charonne .  Mais cet événement, quoique si longtemps occulté, marque encore profondément la mémoire française, pour le meilleur et pour le pire.

Pourquoi commémorer aujourd’hui ce 17 octobre ? Monsieur le maire vient de citer Aimé Césaire : Sortir de l’ombre. Je voudrais citer cet autre mot de Césaire : « Le racisme est la continuation du colonialisme » - et il parlait depuis un département français où le colonialisme n’était que la prolongation de l’esclavagisme.

 

Bien sûr, le racisme n’engendre pas chaque année un crime énorme comme la Rafle du Vel d’Hiv ou le 17 octobre. Et pourtant, à bas bruit, aujourd’hui même, chaque mois, des centaines de réfugiés qui cherchent à fuir l’Afrique ou l’Asie se noient en Méditerranée parce que notre État ne leur accorde pas l’asile. Chaque année, fuyant la police française, des réfugiés meurent de froid dans la montagne ou se noient dans les eaux de la Roya ou de la Durance. Et parmi les victimes non identifiées de la tragédie de la semaine dernière, aux bords de la Roya ou de la Vésubie, il est probable que l’on trouverait de ces réfugiés à jamais anonymes qui avaient tenté de rallier quelques fermes où des Français leur accorderaient l’hospitalité.

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